Pourquoi le nouveau logo de Google (depuis 2015) ressemble-t-il à un ensemble d'aimants pour frigo ?

Lorsque Google a sorti son nouveau logo, on a fait remarquer, à juste titre, que les lettres ressemblaient à des aimants de frigo, et que l'objectif serait que des enfants écrivent son logo sur les leurs. J'ignore dans quelle mesure c'est vrai, je suis moins bien placé qu'une mère pour le dire. Mais je propose une autre idée, peut-être complémentaire.

Le web est une sorte de centre commercial, et il est donc tout à fait possible de bloguer et de promouvoir un service payant (par exemple des articles réservés à ses abonnés). Les blogueurs professionnels parlent donc d'aimants : par exemple, un PDF en échange de l'abonnement à une liste mail. Or c'est exactement ce que sont son moteur de recherche, Google Docs, YouTube, etc. : des services de productivité et de loisirs, bien sûr, mais également des aimants pour l'utilisation du web, qui est un protocole idéal pour la surveillance de masse et la centralisation de l'internet : la possibilité de déposer des cookies tiers permet de construire des profils (couleur de peau, orientation sexuelle, tranche de revenus, adresse, etc.) basés sur les consultations des sites web utilisant Google Analytics, et donc de cibler la publicité. Cette entreprise n'existerait pas sur Gemini ou sur IRC. Ajoutons à cela que la différence de présentation entre chaque site web joue un rôle qui me semble sous-estimé (souvent ignoré) dans la centralisation de l'internet : à la fois car certaines de ces entreprises semblent offrir un service unique, donc comme tout le monde a peur de perdre ses contacts en quittant Facebook, on y reste, alors que la transition de Freenode à Libera Chat s'est faite rapidement et facilement, et on a du mal à imaginer pouvoir se passer de Google, si c'était même souhaitable (alors qu'on a OpenStreetMaps et PeerTube qui se développent)… Mais n'en va-t-il pas ainsi de la publicité ciblée, dont des études ont prouvé l'inefficacité ? Ensuite car héberger un site web implique de gérer le serveur et son affichage sur nos ordinateurs, ce qui est complexe, appelle à des langages différents (cf. Mastodon), et augmente donc sensiblement le coût humain de cet hébergement, pour une visibilité rendue faible, hors de certaines communautés de niche, par les moteurs de recherche suivant les principes et le fonctionnement de Google, souvent basés sur son index ou sur celui de Bing [1], mais aussi la crainte pour Mx. Toutlemonde de s'y mettre et de faire fuiter des données (crainte de souillure du sacré par le profane, version minimaliste : des données par l'interface que l'on doit aussi gérer, sorte de crainte de perdre la face). Alors que sécuriser un ordinateur sous Linux, bah… c'est ce que je fais en tapant ce message, avec un risque d'attaque et d'erreur quasiment nuls évidemment, mais héberger un serveur Gemini ou IRC n'est vraiment pas sorcier.

Or si l'internet est un produit de la nature humaine, les villes aussi (Park 1925) : on peut donc être amené à se demander si nous souhaitons vraiment l'hégémonie des valeurs d'un centre commercial sur l'internet. Actuellement les centres commerciaux reflètent une économie dualiste, mais nous pouvons en imaginer qui refléteraient une économie socialisée, où on achèterait des produits plus satisfaisants et plus respectueux des travailleurs et de nos écosystèmes, donc je n'ai pas de souci avec l'idée en soi d'assister à des conférences dans un centre commercial, mais en l'état actuel l'auditorium de Lyon est littéralement dans l'ombre du centre commercial de la Part-Dieu, et reflète des valeurs complètement différentes ; au vu des valeurs actuelles du web, je préfère publier sur un protocole se rapprochant d'une bibliothèque (Gemini), et honnêtement le protocole ActivityPub correspond plus à un amphithéâtre, mais est trop lié au web, trop sous l'influence de la culture dominante sur le web (des likes, sérieusement ?) pour me donner envie de m'y investir sérieusement. J'ignore si le web a été définitivement souillé par des entreprises comme Facebook, mais le terrain est clairement en leur faveur, donc nous gagnerions à envisager d'autres protocoles, ce qui est contraire aux intérêts de Google : d'où ses aimants, dès les premières années du web (créé en 1989).

Pour toutes ces raisons, il est possible que des cadres de Google, ayant clairement le concept d'aimants en tête, l'aient proposé pour leur nouveau logo.

[1] Pour info, mon ancien blog, hébergé par Write.As, fédérant avec ActivityPub, était lu par environ 200 personnes. Je sais qu'elles me lisaient car quand j'ai commencé à raconter n'importe quoi je suis tombé à 6 vues par article.