La lenteur

La lenteur est une petite maison d'édition indépendante dont j'apprécie la démarche, et dont je partage parfois les idées. Elle publie des livres et une revue appelée l'inventaire. Elle n'a pas de magasin en ligne ni même de site web, à part cette simple page :

Pour acheter un livre ou un exemplaire de l'inventaire, il faut se rendre à l'un des points de vente ou envoyer un courrier accompagné d'un chèque. Il y a environ 2 numéros de l'inventaire par an, mais le rythme de parution n'est pas régulier.

J'en parle pour poursuivre la réflexion entamée sur la page d'accueil de cette capsule et le billet précédent.

J'ai un téléphone Nokia "à touches" que je garde sur moi pour être joignable au quotidien. A la maison, je garde un smartphone de 2015 que m'a passé mon père parce qu'il "buguait". Il me sert à utiliser Whatsapp (je déteste Meta et j'en m'en passerais volontiers. Mais si je ne l'avais plus, je n'aurais plus accès à mes groupes familiaux ou associatifs. Or comme ma collègue Marion me l'a fait remarquer un jour, à qui incomberait alors la charge mentale de suivre ces groupes, de vérifier le calendrier pour organiser les rencontres ? A ma conjointe. Soutenir Facebook pour lutter contre le patriarcat, on n'est pas à un paradoxe près.)

Depuis quelques temps de plus en plus de sites web ne fonctionnent plus sur ce smartphone, à mesure que leurs serveurs mettent à jour leurs protocoles de sécurité. Je n'ai plus accès à Médiapart, par exemple. Le soir après le travail je ne lis plus d'article sur mon petit écran. Je lis un livre, des fois j'écris un peu.

J'écris en général sur un cahier à petits carreaux au format A5 (c'est le cas pour ce billet), un peu n'importe-où quand j'ai cinq minutes, avant de saisir, reprendre et corriger sur un ordinateur, souvent mon vieil eeepc sur lequel j'ai installé Tiny Core Linux sans environnement graphique: juste vim. C'est ma machine à écrire. Sinon j'utilise mon laptop du boulot.

A noël dernier, j'ai offert à mon père un recueil de poésies de Bronka Nowicka que m'a conseillé mon libraire. Papa lit beaucoup, à ma connaissance pas trop de poésie mais je sais qu'il est ouvert et qu'il fait en général l'effort de lire les livres qu'on lui offre. Quelques semaines plus tard il m'a envoyé un message (sur Whatsapp!) :

C'est pas mal, on s'y fait au bout d'un moment...je relis deux fois chaque texte...je suis un peu lent...

Je lui ai répondu :

Ah la lenteur ! C'est l'avenir.

Je ne sais pas vraiment où je veux en venir avec ces petites anecdotes. Dans ma vie sociale, je travaille "à plein temps" et le reste, du temps, je vis dans une petite communauté familiale avec une autre adulte et deux jeunes enfants. Alors, la lenteur.

Publié le 25 mars 2024