VillaPirorum
 _    __ _  __ __        ____   _
| |  / /(_)/ // /____ _ / __ \ (_)_____ ____   _____ __  __ ____ ___
| | / // // // // __ `// /_/ // // ___// __ \ / ___// / / // __ `__ \
| |/ // // // // /_/ // ____// // /   / /_/ // /   / /_/ // / / / / /
|___//_//_//_/ \__,_//_/    /_//_/    \____//_/    \__,_//_/ /_/ /_/
Hero Banner

Liberté

Paul Eluard

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté

Le Cimetière Marin

Paul Valérie

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
entre les pins palpite, entre les tombes;
midi le juste y compose de feux
la mer, la mer, toujours recommencée!
O récompense après une pensée
qu'un long regard sur le calme des dieux!

Quel pur travail de fins éclairs consume
maint diamant d'imperceptible écume,
et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
ouvrages purs d'une éternelle cause,
le temps scintille et le songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,
masse de calme et visible réserve,
eau sourcilleuse, Oeil qui garde en toi
tant de sommeil sous un voile de flamme,
O mon silence!... Édifice dans l'âme,
mais comble d'or aux mille tuiles, Toit!

Temple du temps, qu'un seul soupir résume,
a ce point pur je monte et m'accoutume,
tout entouré de mon regard marin;
et comme aux dieux mon offrande suprême,
la scintillation sereine sème
sur l'altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
comme en délice il change son absence
dans une bouche ou sa forme se meurt,
je hume ici ma future fumée,
et le ciel chante à l'âme consumée
le changement des rives en rumeurs.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change!
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
oisiveté, mais pleine de pouvoir,
je m'abandonne à ce brillant espace,
sur les maisons des morts mon ombre passe
qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.

L'âme exposée aux torches du solstice,
je te soutiens, admirable justice
de la lumière aux armes sans pitié!
Je te rends pure à ta place première:
Regarde-toi!... Mais rendre la lumière
suppose d'ombre une morne moitié.

O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
auprès d'un coeur, aux sources du poème,
entre le vide et l'événement pur,
j'attends l'écho de ma grandeur interne,
amère, sombre et sonore citerne,
sonnant dans l'âme un creux toujours futur!

Sais-tu, fausse captive des feuillages,
golfe mangeur de ses maigres rivages,
sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
quel corps me traîne a sa fin paresseuse,
quel front l'attire à cette terre osseuse?
Une étincelle y pense à mes absents.

Ferme, sacré, plein d'un feu sans matière,
fragment terrestre offert à la lumière,
ce lieu me plait, dominé de flambeaux,
composé d'or, de pierres et d'arbres sombres,
où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombre;
la mer fidèle y dort sur mes tombeaux!

Chienne splendide, écarte l'idolâtre!
Quand solitaire au sourire de pâtre,
je pais longtemps, moutons mystérieux,
le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux!

Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sècheresse;
tout est brûlé, reçu dans l'air
a je ne sais quelle sévère essence...
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
et l'amertume est douce, et l'esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre
qui les réchauffe et sèche leurs mystères.
Midi là-haut, midi sans mouvement,
en soi se pense et convient à soi-même...
Tête complète et parfait diadème,
je suis en toi le secret changement.

Tu n'as que moi pour contenir tes craintes!
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
sont le défaut de ton grand diamant...
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
un peuple vague aux racines des arbres
a pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse,
l'argile rouge a bu la blanche espèce,
le don de vivre a passé dans les fleurs!
Ou sont des morts les phrases familières,
l'art personnel, les âmes singulières?
la larve file où se formaient des pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
les yeux, les dents, les paupières mouillées,
le sein charmant qui joue avec le feu,
le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
les derniers dons, les doigts qui les défendent,
tout va sous terre et rentre dans le jeu!

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
qui n'aura plus ces couleurs de mensonge
qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici ?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse ?
Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse,
la sainte impatience meurt aussi!

Maigre immortalité noire et dorée,
consolatrice affreusement laurée,
qui de la mort fais un sein maternel,
le beau mensonge et la pieuse ruse!
Qui ne connait, et qui ne les refuse,
le crâne vide, et ce rire éternel!

Meres profonds, têtes inhabitées,
qui sous le poids de tant de pelletées,
étés la terre et confondez nos pas,
le vrai rongeur, le ver irréfutable,
n'est point pour vous qui dormez sous la table,
il vit de vie, il ne me quitte pas!

Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
La dent secrète est de moi si prochaine,
que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu'importe, il voit, il veut, il sent, il touche!
Ma chair lui plait et jusques sur ma couche,
a ce vivant je vis d'appartenir!

Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Élée!
M'as-tu percé de cette flèche ailée
qui vibre, vole et ne vole pas!
Le son m'enfante et la flèche me tue!
Ah le soleil... Quelle ombre de tortue
pour l'âme, Achille, immobile à grands pas!

Non, Non!... Debout! Dans l'ère successive!
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
me rend mon âme... O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant!

Oui! grande mer de délires douée,
peau de panthère et chlamyde trouée,
de mille et mille idoles du soleil,
hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
qui te remords l'étincelante queue
dans un tumulte au silence pareil,

Le vent se lève!... il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
la vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
le toit tranquille où picoraient des focs!

Nous deux

Paul Éluard

Nous deux nous tenant par la main
Nous nous croyons partout chez nous
Sous l’arbre doux sous le ciel noir
Sous tous les toits au coin du feu
Dan la rue vide en plein soleil
Dans les yeux vagues de la foule
Auprès des sages et des fous
Parmi les enfants et les grands
L’amour n’a rien de mystérieux
Nous sommes l’évidence même
Les amoureux se croient chez nous.

Web mentions

These are webmentions via the IndieWeb and webmention.io

No known mention, yet

Loading web mentions relies on JavaScript. Try enabling JavaScript and reloading.

URL of your site:

No-JS No-CSS Share

Web-Mention(s): ⧗

Fediring 🕸💍︎ previous next random

© 2000-2024 - Powered by DOM.PHP v0.8.5 - Built Wed, 17-Apr-2024 07:26:16 GMT

Courtesy of Unsplash (Photo #1 by @anniespratt)

Since there are no cookies there do you wanna pay me a coffee?

PRIVACY POLICY

We do not collect information from visitors of our site, or other details to help you with your experience.

We do not use cookies for tracking purposes.

We do not sell, trade, or otherwise transfer to outside parties any Personally Identifiable Information.

Gemini capsule version of this page

This website has undergone colour contrast checks using the APCA guidelines for determining text contrast.

The APCA guidelines improve upon the accessibility colour contrast checks under WCAG 2, and is therefore compliant with the ADA.

writen by human not by AI